vendredi 4 décembre 2009

Michael Kenna à la BNF


Le Figaro en parle:

En photos.
L'article correspondant.

Et ici ma critique après y avoir été, moi le néophyte!

Exposition photo Michael Kenna à la BnF

Du 13 octobre au 24 janvier 2010.

La douce finitude brusquée.

La Bnf expose 210 clichés du photographe anglais Michael Kenna. A travers ses pérégrinations nous explorons le monde : de son Lancashire industriel où il naquit en 1953 en passant par les blanches étendues hivernales de Hokkaido, et revenir aux friches industrielles contemporaines. Nous voyageons dans le temps aussi. Mais Michael Kenna veut nous perdre. La constance de son style nous induit en erreur. Cette jetée pavée du Sussex ou ce saule japonais perdu dans les rizières gelées en hiver pourraient avoir été saisies hier ou il y a trente ans. C’est que Michael Kenna refuse à ses sujets la finitude du réel. Son grain leur attribue la grâce de l’intemporalité.

Il n’y a jamais de sujet humain sur ses clichés. Ni au pied des cheminées de refroidissement nucléaire traitées comme deux colonnes doriques soutenant un ciel qui aurait perdu sa profondeur. Ni sur ces ponts que la société humaine aurait restitué à l’univers sauvage et minéral des forêts montagnardes de l’Oregon. Ni encore dans les brumes matinales omniprésentes dans son oeuvre.

Notre contemplation ne peut alors s’enfermer dans le regard des autres ; pas plus que sur le
relativisme du Temps. Chaque oeuvre est un rapport exclusif entre nous et le sujet sur le ton de la confidence.

Mais toute la douceur d’un tel rapport est violentée par le cadre de l’exposition. Dorures criardes. Marbre clinquant. Espaces se chevauchant. Eclairage impudique. Muséographie indigente. C’est au prix d’un effort surhumain que l’on se raccroche à l’enchantement de l’oeuvre ainsi sacrifiée de Michael Kenna.

vendredi 30 octobre 2009

Noces princières en Géorgie


La légitimité du pouvoir battue en brèche, l'opposition dans la rue, l'ingérence russe : la mariage entre les deux branches héritières de la dynastie des bagratides a un parfum de réconciliation nationale.


En pleine crise politique, morale et internationale la Géorgie voit se résoudre sa plus ancienne querelle. Et de la plus belle manière qui soit : le médiateur s'appelle l'amour.

Ce 8 février David et Anne se sont dit « oui » sous les voutes de la Cathédrale de la Trinité à Mtskheta ancienne capitale de la Géorgie. David Bagrationi-Mukhraneli, 32 ans est l'héritier de la branche espagnole de la dynastie qui a régné 1000ans sur toute ou partie du pays, le fuyant lors de l'annexion russe de 1810. Anne Bagrationi-Gruzinsky, 31 ans est l'héritière de la branche russe de la dynastie qui se mit au service des Romanov et s'illustra notamment contre Napoléon sur la Berezina.

Tous les ingrédients étaient réunis pour porter la revendication politique de ce mariage. Drapeaux géorgiens barrés des croix de St Georges, parterre d'une centaine d'invités comptant parmi les plus influents du pays et des dynasties européennes, et surtout le Patriarche Ilya III.

L'Eglise de Géorgie est en effet la patiente artisane de la campagne royaliste en œuvre dans le pays. Le Patriarche a par le passé promis qu'il couronnera le président qui réunira sous son autorité tout le pays, y compris les républiques sécessionnistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Russophile, il est mal à l'aise avec le président actuel Mikhail Saakachvili


vendredi 23 octobre 2009

Meilleur article 2008: Carnet de route en Géorgie, Jonathan Little

Bien sûr, tout le monde ne peut pas avoir accès au Monde et écrire 16 pages sur un seul sujet.
Mais inversement, beaucoup ne sauraient faire glisser leur plume par delà 16 pages d'anecdotes, réflexions, évènements et intrigues avec autant de brio que l'auteur des Bienveillantes.
16 pages où le point de vue équilibré de l'auteur n'est pas artificiel; où la réalité est décrite avec la part d'horreur, d'imprévu et de comique qui fait son tragique. Le regard tourmenté de Jonathan Little ne trouble en rien l'image qu'il nous présente, limpide. C'est peut-être même la personnalité si atypique de l'auteur qui est la condition de l'excellence de ce papier.
Imprimez-le pour le savourer pleinement.


" Pishite pravilno " , on n'arrête pas de vous répéter là-bas, " écrivez correctement, écrivez ce
qui s'est vraiment passé ".
La suite en PDF

mercredi 21 octobre 2009

La profondeur révélée de la grande littérature


Neuf fiches de lectures sous le regard d'Alain Finkielkraut. Neuf volets d'une analyse de l'Homme par des hommes. L'auteur nous propose le dépassement de l'opposition entre raison et passion, l'une comme l'autre source de malheurs. Et de citer l'Ancien Testament: «Le roi Salomon supplia l'Eternel de lui accorder un cœur intelligent»

Le roi Salomon, c'est nous qui ne cessons de nous débattre entre la réalité vécue et l'histoire de la réalité que l'on se raconte. L'Eternel se tait, nous indique Hanna Arendt. Alain Finkielkraut nous propose alors de faire parler la littérature.

Ludvik «jeté en dehors du chemin de ma propre vie» de Kundera, le retraité de Dostoïevski rongé par l'amertume, la déportée de Vassili Grossman effondrée à l'écoute d'une chanson gaie, le bon-sens privé des mots pour le dire du père de Camus, la revanche face aux égoïsmes de la simplette d'Henry James, le rire assassin des emplis de certitudes chez Sebastian Haffner: tous ces individus confrontés à la cruelle vérité de la vie. L'absence de maîtrise des évènements, dans la passion comme dans la raison.

Alain Finkielkraut est l'inverse de l'intellectuel engagé. Attaqué, il se met en retrait. On lui reproche d'être par trop conservateur, voire franchement réactionnaire. C'est que notre époque s'est habituée aux intellectuels ancrés dans leur temps jusqu'à la caricature. L'auteur a fait trésor des déboires de Sartre et Platon brisés par l'épreuve de la réalité. Le roman permet de sortir de l'impasse, lui qui réconcilie l'abstrait et le concret, l'action et la réflexion, la raison et le sentiment. C'est l'harmonie d'un cœur intelligent qu'Alain Finkielkraut nous propose de partager.

Alain Finkielkraut, « Le cœur intelligent »

Stock/Flammarion

lundi 19 octobre 2009

Israël: à la recherche de nouvelles alliances.

Le ministre des Affaires Etrangères israélien Avigdor Liebermann n'est pas le bienvenu à Paris, Washington, Le Caire ou Ankara.

Aux pressions accrues par la voix d'Hillary Clinton, le refus historique d'Ankara de prendre part à des exercices militaires conjoints, et une Europe qui du bout des lèvres rejette la mouture du rapport Goldstone adoptée par le Conseil des Droits de l'Homme de Genève (l'auteur du rapport lui-même déplore que l'OCI ait tronqué la partie relative aux responsabilités palestiniennes), Israël répond par une diplomatie ouverte à d'autre cieux.
Le Conseil des Droits de l'Homme est cet instrument de l'ONU qui occupe les 3/4 des ses délibérations à la situation palestinienne, et qui a royalement ignoré la situation au Sri Lanka où 10 000 Tamouls ont trouvé la mort, soit plus qu'en Israël-Palestine depuis 30 ans.

L'Inde est déjà un allié fidèle, la Chine se rapproche, et désormais c'est la Russie qui soutient Israël. Le ministre des Affaires Etrangères Sergei Lavrov a communiqué à son homologue le refus russe d'adopter le rapport Goldstone . La suspension de la coopération militaire avec Tbilissi doit y être pour quelquechose....





Avigdor Liebermann à gauche, Sergei Lavrov à droite, le 2 juin à Moscou.

mercredi 5 août 2009

Afghanistan: Italie et Suède s'interrogent. Ils ne sont pas les seuls.

(Article réécrit le 20/10/2009)

Depuis son discours électoral de Berlin en 2008, Obama a clairement fait savoir que l'Afpak (Afghanistan-Pakistan, dans le jargon) était au centre de sa stratégie de lutte contre le terrorisme islamique. La bonne volonté ne cache pas le désarrois réel dans lequel sont plongés les partenaires des USA, et leurs armées, face à une stratégie dont on ne voit pas l'issue.



Une série d'articles a fleuri dans la presse ces jours-ci, tous interrogeant la pertinence de la stratégie poursuivie par B.Obama, si il en a une.

A l'origine, je comptais écrire cet article en partant de la substitution brutale autant qu'inattendue du commandant des forces armées américaines en Afghanistan.
Le 10 juin, le général S. McChrystal remplace D. McKiernan, relevé de ses fonctions.
Fait rarissime: le dernier à subir pareil déshonneur fut le général McArthur en Corée (1952)

Ce désordre interne venait s'ajouter à la pression croissante exercée par les alliés de Washington, troublés par le manque de perspectives 6 mois après l'élection de B.Obama.

Aujourd'hui, le président américain a décidé de reprendre la main. Comme lors du discours préélectoral de Berlin en 2008, il a à nouveau demandé aux alliés (présents sous cadre de l'ISAF) de fournir des efforts supplémentaires.
Les alliés britanniques ont immédiatement annoncé une hausse de 500 effectifs sur place.
Nicolas Sarkozy a lui marqué sa différence: il ne compte pas envoyer de troupes supplémentaires. Bernard Kouchner en visite à Kaboul a explicité la stratégie qui a les faveurs des européens: une meilleure formation de l'armée afghane, avec de meilleurs salaires pour éviter corruption et trahisons.

Alors que le Pakistan s'embrase, la fébrilité gagne les capitales européennes.

Ci-après une revue de presse européenne:
Turquie: "plus de troupes, mais pas de combat; plutôt des accords avec les Talibans"
Italie: après l'attentat qui a ôté la vie à 6 soldats italiens, la tentation de suivre la fin du processus électoral et "tous à la maison pour Noël"
Le directeur de la revue Limes signe un éditorial dans la Repubblica: "Redéfinir les objectifs, ou tous à la maison"
Suède: le général Olof Granander, responsable des 400 suédois engagés dans le Nord de l'Afghanistan s'alarme de la contagion qui touche des régions auparavant calmes. Désormais, la population civile ne croit plus en la force internationale.
Allemagne: le nœud à délier, c'est le Pakistan.
France: le Figaro a enchaîné trois articles exprimant de forts doutes sur la suite des opérations. (1-2-3)





samedi 20 juin 2009

Rachid Kaci: le voile contre la burqa

Quand on ne veut pas prendre le temps pour son blog, on prend le temps des autres...
Un débat sur la burqa agite la France et la classe politique comme aux plus belles heures des affaires du voile islamique ou islamiste…
Je pense que ce débat traduit la défaite de notre modèle républicain et la victoire des Islamistes les plus radicaux.
En effet, pendant que certains parlementaires s’époumonent en demandant le vote d’une loi contre la burqa, les tenants de l’islamisme radical savourent une victoire idéologique et symbolique : celle de ramener le voile, étendard politique pourtant si rétrograde et si discriminant, au rang de simple vêtement et de banalité.
Cette polémique, au mieux inutile au pire irresponsable, démontre un manque flagrant de discernement politique et de connaissance des adversaires de notre République laïque. Nous avons affaire à des mouvements fondamentalistes qui se partagent les rôles entre les plus extrémistes et les pseudos réformateurs. Hier, le débat s’articulait entre le voile et la laïcité, aujourd’hui il s’articule entre la burqa et le voile devenu presque acceptable.

Nous sommes, donc, montés d’un cran.

Le voile, comme la burqa, comme le refus de la mixité dans les piscines, comme le refus de voir des femmes soignées par des médecins hommes…sont l’incarnation d’une même idéologie intégriste dont l’objectif est de détruire notre modèle de société libérale.

Il serait temps d’ouvrir les yeux et ne pas tomber dans le piège.

Il y aurait presque un parallèle à faire avec la situation en Iran où deux camps semblent s’affronter, celui de Ahmadinejad, jugé dangereux, et celui de Moussavi, jugé ouvert et plus tolérant. Or, il s’agit de deux faces d’une même pièce, d’une même idéologie…

C’est une quasi-défaite de la pensée… Pour faire accepter ce que l’on a, à juste titre refusé hier, les intégristes font de la surenchère dans les revendications et les aspirations.

Pour toutes ces raisons, je pense que le débat sur la burqa, tel qu’il se développe est absurde et hypocrite. Le combat se mène contre un modèle de société symbolisé par ces vêtements et ces revendications et non contre une burqa somme toute assez peu répandue.

- Absurde, parce que, pour lutter contre les extrémistes, les lois existent déjà et semblent être suffisantes.

- Hypocrite, parce qu’il permet à certains de s’exonérer de leur responsabilité d’élus de la république et de se donner bonne conscience alors que dans le même temps au niveau local ils participent au développement du communautarisme religieux.

Le seul message que nos élus doivent porter et défendre, c’est celui de nos valeurs essentielles, de notre identité.

Ils ne devraient pas se laisser enfermer dans une impasse politique, qui plus est par un député communiste M. Gerin, tendance politique qui a été complice au niveau local de l’implantation des mouvements religieux intégristes pendant des décennies.

Contact: Rachid Kaci
Président de la Droite Libre.
Auteur de « Comment peut-on être Français ? » aux éditions Larousse.
ladroitelibre@yahoo.fr

samedi 13 juin 2009

L'intégration selon Clint Eastwood, multiculturalisme et démocratie

Editorial de Per Gudmundson, publié le 13/06/2009 sur le quotidien SVD.
Traduit avec l'autorisation de l'auteur.

Gran Torino
de Clint Eastwood est l'un des films à voir cette année. C'est une sorte de condensé de sa carrière et est à la fois drôle et particulièrement poignant, en dépit de lacunes dans le jeu des acteurs et la photo.

Eastwood se dirige lui-même dans le rôle du vétéran de la guerre de Corée Walt Kowalski, qui observe depuis sa terrasse son quartier investi par des asiatiques, apparemment peu soucieux de s'adapter à son Amérique et dans l'incapacité à lutter contre la culture des gangs qui garde les enfants immigrés sous leur emprise. Lorsque le garçon des voisins tente de voler son bijou, l'œuvre de sa vie-une Ford Gran Torino-commence une lutte qui fait évoluer le voisinage du dédain mutuel à la méfiance, puis de la méfiance au respect.

C'est la politique d'intégration selon Clint Eastwood. A rien ne sert de s'asseoir en cercle et de chanter Kum-ba-yah*. La Loi s'applique et la propriété doit être respectée. Alors seulement le polonais-américain peut tolérer, sans nécessairement aimer, le hmong-américain.

La société suédoise discute souvent de l'intégration en termes d'auto-effacement, des habitudes des suédois ou de celles des immigrés. Une déclaration de l'ancien ministre à l'Intégration Mona Sahlin* à Euroturk 2002 est symptomatique: "Vous avez une culture, une identité, une histoire, quelque chose qui vous lie ensemble. Et qu'avons-nous? Nous avons la veillée de Midsommar* et autres bêtises."

Après un peu plus d'une décennie, avec plus d'un million de nouveaux résidents il est de plus en plus clair que la plupart de ceux qui déménagent ici veulent garder leur identité, tout comme nos dalécarliens ne songent pas un instant abandonner leurs "bêtises" folkloriques. L'utopie d'une unique communauté a sombré. Au contraire, la ghettoïsation et la fragmentation communautaire se devinent de plus en plus.

Combien de diversité peut tolérer la démocratie? C'est le titre et la question d'une thèse (Gleerups, 2009) de Andreas Johansson Heino, nouvel agrégé en sciences politiques à l'Université de Göteborg. Il s'appuie sur quelques évidences qui sont rarement prises en compte dans le débat suédois, par exemple que presque toutes les réussites démocratiques sont fondées sur l'État-nation* et qu'il existe une forte corrélation entre l'homogénéité nationale et le degré de démocratie.

Car il semble malheureusement se confirmer l'analyse que Robert Putnam* a fait valoir dans sa conférence à Uppsala, où lui a été attribué le prix Skytteanska. Plus la société est multi-ethnique, plus fort est le déficit de confiance. Dans les sociétés hétérogènes est plus faible la confiance dans les politiciens locaux et les médias, plus faible la confiance en sa propre influence et plus basse la participation électorale, enfin plus faible l'engagement au profit de projets communs et au profit du bien-être collectif.

Johansson Heino fait débattre ce conflit entre la diversité la démocratie. Il explore les différentes approches nationalistes, libérales et multiculturalistes pour régler le problème, et rejette conjointement le dogme de l'auto-effacement prôné par Mona Sahlin et l'inculcation forcée des "valeurs suédoises" aux immigrants proposée par le Parti populaire, héritières de la même pensée socio-libérale. Assez étonnamment, il aboutit à une solution qui peut être trouvée dans le nationalisme, comme une condition préalable à l'exercice de la tolérance et du pluralisme. "Une culture de la confiance en soi est une condition essentielle pour qu'il puisse y avoir quelque chose à partager, à intégrer et à s'assimiler"

Le mât de la Midsommar peut être maintenu. Les turcs ne sont pas suédois, mais avec le temps deviendront sveco-turcs.

"Concrètement, cela suffit. Aussi longtemps que les nouveaux arrivants respectent et adoptent la loi, et font ainsi la démarche de s'adapter à la société, il n'y a aucun raison de ne pas tolérer la différence". Fin de la thèse.

Clint Eastwood grogne d'approbation.



*Kum-ba-yah: chanson folk des années 30, forme créolisée de "Come by you". Chantée chez les scouts et reprise de maintes fois, son évoquation en est venue à symboliser ce que l'on appelle en français l'angélisme de la bonne conscience.
*Mona Sahlin: à la tête des sociaux-démocrates suédois 2007, elle est depuis revenue sur ses positions "d'auto-effacement", et est partisane de l'assimilation, selon des "off".
*Midsommar: feu de la St Jean, où l'on hisse un mât couvert de feuilles, branches et fleurs tressées. La veillée est l'occasion de chansons, danses, repas, boissons et histoires racontées entre amis et famille tard dans la nuit.
*Robert Putnam: politologue, sociologue et enseignant américain à Harvard. Il a étudié les problématiques de "bridge-crossing" entre des populations différentes. Sienne la distinction entre "bonding capital" qui est le socle minimum de cohésion de la population, et le "bridging capital" qui est l'effective rencontre entre populations différentes, essentielle dans une société multiculturelle.
*Nation dans les pays scandinaves: de tradition germanique, la notion de nation n'y est pas comme en France concurrente de Patrie. Il n'y a donc pas comme ici de honte à s'appréhender comme "ethniquement suédois". Vu de France, où la conception universaliste de la Patrie prévaut, cela semble tout de suite suspect. A l'expérience, la notion française de Patrie semble être bien hypocrite, car elle repose aussi sur la notion de Nation. La perte de vitesse de l'idéal français semble ainsi liée au refus d'y voir cette filiation.

La valise à 134 milliards de dollars

La Guardia di Finanza (Police financière italienne) à la suite d'un contrôle dans le train à la frontière Suisse-Italie tombe sur des titres du trésor américain pour une valeur ahurissante.

http://adscriptum.blogspot.com/2009/06/134-milliards-de-dollars-suite.html

Le premier lien est le plus complet et sourcé.

http://www.americaoggi.info/2009/06/13/12721-chiasso-i-134-miliardi-sequestrati-potrebbero-essere-fondi-del-tarp

http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/06/12/deux-japonais-arretes-avec-100-milliards-d-euros-d-obligations_1206372_3214.html


***

Ajout du 14/06:

http://adscriptum.blogspot.com/2009/06/134-milliards-de-dollars-trop-gros-pour.html

***

Ajout du 16/06

***

Dernières mises à jour

mercredi 10 juin 2009

Commentaire à M.Rioufol sur le PS.


Ci-après, la note du blog de Rioufol.

Aubry, démission!

Je sais, je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Cependant, je trouve que Martine Aubry devrait démissionner de son poste de premier secrétaire du PS. Avec elle, tous les éléphants devraient céder leur place, après la déroute de leur parti. En effet, comment espérer de ceux-là, incapables de réformer la gauche depuis le premier coup de semonce du 21 avril 2002, qu'ils commencent maintenant? Ce mercredi matin, j'entendais Laurent Fabius, sur Europe 1, donner de vagues conseils pour sauver le PS. "Nos valeurs sont justes", expliquait-il. Mais non, justement: les valeurs de la gauche - sa bonne conscience, ses bons sentiments, son politiquement correct - ne parlent plus aux gens. L'hypocrisie des donneurs de leçons atteint même des sommets, quand le président de SOS-Racisme, Dominique Sopo, se voit maintenu aujourd'hui en garde à vue, dans le cadre de l'enquête sur les fonds suspects de Julien Dray. C'est tout un système qui est perverti.

L'image que donne le PS est devenue pathétique. D'autant que rien n'est ressorti du Bureau national, convoqué hier pour analyser l'échec de dimanche, ce 21-avril bis. Manuel Valls a raison quand il estime, ce matin sur ITélé : "Il est minuit moins le quart avant la mort clinique du parti socialiste". Mais qu'attend-il, Valls, pour bousculer la vieille formation, la sortir de son formol, la confronter aux faits? Son approche concrète des réalités, qu'il partage avec d'autres socialistes comme Malek Boutih, Pierre Moscovici ou d'autres, est certainement plus conforme à ce qu'attendent les militants que les dénis et les faux sujets qui caractérisent la gauche aveugle et péremptoire. Je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Cependant, je trouve que Valls ferait un excellent premier secrétaire et qu'il ne devrait pas trop tarder. Qu'en pensez-vous?


Il est en effet cocasse de vous voir proposer au PS une issue de sortie à sa crise existentielle (Valls et démission d'Aubry).

J'y vois au moins une bonne raison: une opposition fragmentée et intellectuellement débilitée, cela ne sert pas la droite.

Nous avons vu lors de la campagne électorale de 2007 que Nicolas Sarkozy a développé ses plus brillantes réflexions lorsque la gauche ou le centre étaient au mieux de leur forme.
S.Royal avait ainsi réussi à mobiliser l'électorat de gauche comme jamais depuis Mitterrand en 1988, et avec 2 millions de voix de plus que le même en 1981.
Même analyse pour F.Bayrou.

La faiblesse de la gauche a au contraire laissé Sarkozy mener les grandes réformes promises assez mollement. Une gauche forte est donc dans l'intérêt des électeurs de droite.

Un raisonnement semblable est à tenir à propos du succès de la liste Europe Ecologie.
Bien sûr, il s'agit de l'écologie des pastèques*. (Expression que j'emprunte a Expatrié; en Italie on parle des radis pour les électeurs catholiques qui votent à gauche)
Mais ce succès oblige la droite à développer sa propre vision de l'écologie, tenant compte des facteurs rationnels de l'économie.

Nous y gagnons tous: les écologistes de gauche car le message passe et ils deviennent incontournables; les écologistes de droite qui menacés doivent développer leurs propres actions pour limiter la déferlante des pastèques; enfin la planète, heureuse de la fin de l'Humanisme qui ignorait le milieu dans lequel l'Homme se meut.

Valls au PS?
Ce serait un casus belli pour tous ces éléphants qui refusent le cimetière.
Ce serait sûrement la meilleure façon de ramener le vote des couches populaires.
L'intéressé lui-même a déclaré qu'il n'est intéressé que si l'on enterre l'ancien PS.
Un nouveau sujet politique doit se former à partir du PS.

Malheureusement pour la gauche, les pastèques ne dansent pas la Valls. Cette couche de vert est d'ailleurs un revêtement de peinture fraîche pour ces has-been qui refusent de l'admettre, car les bobopastèques se croient trendy. Et recyclent ainsi leur posture anticapitaliste. Marx is born-again. Under a green shirt.

Une hypothèse cohérente serait de voir le Modem qui tente de débrancher Bayrou jusqu'en 2011 se rapprocher des Moscovici, Valls et dans une certaine mesure Peillon. Si le PS leur donne carte blanche, une victoire aux régionales serait acquise.

Mais on peut être sûrs qu'une telle hypothèse conduirait le PS à renouer avec ses démons: Faust Hollande et consorts tirant la couverture à eux pour neutraliser le Modem en optique 2012.
Et ainsi reprendre en main la pelle qui creuse leur propre tombe.

Cela prend du temps, d'ailleurs. Cela fait sept ans que les croque-morts sont à l'oeuvre. C'est qu'il ne s'agit plus d'un caveau familial, mais d'un cimetière entier qu'il faut pour le parti qui se veut le champion de la solidarité tout en étant une sorte d'ego-academy.

J'en suis désolé, mais je crois que nous n'avons rien à attendre de la gauche.
Trouvons au centre, à droite, voire un peu au-delà les stimulus nécessaires, sans attendre qu'ils viennent des crises présentes et à venir, ni bien sûr du PS.


*Pastèques: je tiens à préciser, à mes amis ayant voté Europe Ecologie et à tous, que sont dans mon esprit des pastèques les électeurs clairement marxistes qui se reconvertissent dans l'écologie pour maintenir vivante leur phobie de l'économie de marché. Les bobopastèques sont eux la variante urbaine d'un snobisme de la bonne conscience. Les personnes sincèrement écologistes et celles qui se sont fourvoyées depuis leurs 18 ans dans les belles paroles du PS ne sont pas des pastèques, mais des melons. Ceux de Cavaillon sont néanmoins proches des pastèques.

vendredi 5 juin 2009

Elections européennes 2009.

Pays Bas: les Pays-Bas ne respectent pas la consigne de la Commission Européenne d'attendre dimanche soir pour révéler les résultats.

chute historique des travaillistes, baisse des conservateurs de Balkenende, percée du parti ouvertement anti-Islam de Geert Wilders.

Les sondages avaient donné des indications.
Néanmoins, avec 40% de participation, les voix à l'intérieur de la gauche se sont réparties en faveur des libéraux de D66, très europhiles.
3 sièges pour eux, leurs 10.5% sont leur meilleur résultat depuis dix ans.
Les sociaux-démocrates avec 13.5% ne sont pas garantis d'obtenir 4 sièges, contre 7 il y a cinq ans.

Le Parti des Libertés de Geert Wilders a finalement dépassé les pronostics, et à 92% des votes dépouillés, il flirte avec les 17%; désormais deuxième parti du pays, il pourrait espérer 4 sièges à Strasbourg. La carte des votes, comme en France, indique un score élevé dans les circonscriptions les plus multi-ethniques.

Les conservateurs obtiennent 5 sièges(-2) et 20%. Au pouvoir avec les chrétiens (2,=) et les sociaux-démocrates, il résiste à l'usure du pouvoir.
Wilders/Balkenende, le face à face pour les législatives de novembre 2010 commence.

Royaume-Uni: Silence jusqu'à dimanche.
Néanmoins, ce qui filtre est une catastrophe historique pour le Labour (Travaillistes).
Aux élections locales qui se tenaient le même jour, les travaillistes n'obtiennent pas 10% des mandats! Les grands vainqueurs sont les Tories (Conservateurs), y compris aux dépends des libéraux. Le British National Party (racialiste, pour ne pas dire raciste) obtient localement de très bons résultats; toutefois, il ne se présentait pas partout.

Il semblerait qu'une déferlante de droite dure s'abat sur l'Europe; la gauche institutionnelle est dépassée par ses partenaires qui comme on le voit en France mettent sérieusement en cause sa leadership.

mercredi 3 juin 2009

EU Profiler: votre positionnement politique


Développé par l'Université de Florence en coordination avec d'autres pôles universitaires européens, c'est à ce jour la meilleure étude de positionnement offerte sur Internet.

Non seulement les questions sont adaptées à chaque situation nationale, vous pouvez également souligner l'importance de telle ou telle question à vos yeux.
Bémol: je constate qu'il y a une distorsion à gauche du positionnement des partis politiques, quel que soit le pays concerné.

Je me suis ainsi amusé à faire le test dans plusieurs pays -à noter la présence de la Turquie-.
Le lien.

Mes résultats:

Si j'étais...

Turc: centriste légèrement à gauche, pro-européen, dans un vide entre le MHP et l'AKP.
Et bien! Je serais bien embêté d'être turc!

Ecossais: centriste légèrement à gauche, très largement pro-européen, à mi-chemin entre les travaillistes et les libéraux. Tiens, j'aurais pas dit!

Suédois: centriste, pro-européen, je correspond sans surprise aux Modérés au pouvoir actuellement!

Français: centriste, pro-européen, dans un vide entre le Modem et Alternative Libérale.
Mwi, à trois jours du scrutin, je n'ai pas encore choisi.

Néérlandais: centriste légèrement à droite, pro-européen, dans un vide entre les libéraux de gauche, les libéraux et les chrétiens-démocrates.

Italien: centriste, largement pro-européen, proche de l'Italia dei Valori.

Commentaire: étant très favorable et sensible aux politiques environnementales, je me retrouve à être centriste car je fais le grand écart entre cet aspect et d'autres aspects plus sociétaux.
Ma cohérence n'est pas représentée politiquement.

lundi 1 juin 2009

Valls dans le désert et autres brèves françaises

-Dans une tribune du Figaro, le député-maire d'Evry Manuel Valls interpelle une nouvelle fois ses camarades du PS sur la nécessité de mener une réflexion en partant de la réalité des faits et non des présupposés idéologiques. En réponse: le vide sidéral. Le tempo du PS n'est pas celui de la Valls...

-Aux Internationaux de Rolland Garros, Federer pourrait bien profiter du faux-pas de Nadal, qui n'empochera pas une cinquième victoire d'affilée. Le suédois Söderling ou le français Monfils pourraient lui disputer le titre!

-Un avion d'Air France s'est abîmé en mer. C'est plus rare que de mourir sur la route, mais on comprend l'émotion quand plus de 200 personnes meurent d'un coup.

-Le RSA entre en vigueur: la plus intelligente réforme sociale depuis... ne cherchez pas!
Un grand merci à Martin Hirsch! L'ouverture enrichit plus lorsqu'elle va auprès de la société civile que lorsqu'elle va chercher des dinosaures dans le Socialist Park de Solférino.

-Un enfant de 8 ans auditionné par les gendarmes. Au-delà de toutes les émotions feintes de la classe politique, on se demande si les parents de l'enfant agressé n'avaient pas d'autre solution.
Je me rappelle néanmoins que petit, un camarade de 9 ans avait été roué de coups par un autre, de 10 ans, il en avait eu le dos tout écorché et la chose s'était également terminée devant la police. Dans cette histoire, ce qui importe de savoir est si oui ou non le gendarme a fait boire un verre de rouge à l'enfant.

-Producteurs de lait: les blocages se poursuivent. Ne pourraient-ils pas, aidés par l'Etat, envisager de constituer leur propre réseau de distribution? Il y a des produits où il est scandaleux que les dindons de la farce soient les acheteurs -on est habitués- et les producteurs!
La Suède qui compte bien en parler lors de sa présidence européenne a bien raison de souligner que l'argent de la PAC serait mieux dépensé en faveur de la recherche plutôt que dans celui de l'agro-alimentaire.

-Karine Ruby, championne olympique de snowboard est morte en montagne avec un guide ce vendredi. Les obsèques ont eu lieu aujourd'hui, tristesse pour une championne authentique. Son sourire olympique restera gravé non sur une médaille mais dans nos mémoires.


Pour terminer en légèreté, la première "Blonde Pride", à Riga:

Humour

Sur le site internet de la revue Limes (voir liens dans les menus à gauche) on trouve aussi trois rubriques -désolé pour cet italianisme, néanmoins le mot se conserve en français sous une signification très proche: catégorie- humoristiques.

Celle dont je tire cette image est intitulée "Fukaha", humour en arabe, quand cela est nécessaire elles sont traduites par Marco Hamam.

En ces temps de lutte contre le piratage, n'ayant guère de copyright dessus, je ne vais pas trop en héberger sur ce blog.... alors je vous invite à y jeter un coup d'oeuil par vous-même!

Israël, le Mal Absolu!

Je ne reviens pas sur le bien-fondé de l'opération "Plomb Durci" menée cet hiver pour ramener le Hamas à une situation moins anxiogène pour Jérusalem.

1200 morts (source palestinienne, très incertaine), quelle qu'en soit la raison, c'est un drame humain qui mérite d'abord la compassion, puis l'enquête et enfin l'évaluation du bien-fondé d'une telle mortifère mesure militaire.

Mais ce qui me révulse le plus, c'est bel et bien l'indignation sélective.

Au Sri Lanka: l'ONU vient finalement d'admettre du bout des lèvres que la fin de la guerre civile a emporté plus de 20 000 vies. 16 fois plus que les victimes de Gaza.
Où sont les belles âmes? Où est l'émoi médiatique?
Comparaison n'est pas raison, mais les Tigres tamouls étaient parmi les premiers mouvements "nationaux" à employer les attentats-suicides et les prises d'otages.
A l'instar des palestiniens, ils s'estiment colonisés par les cinghalais, indo-aryens arrivés sur place bien après les tamouls.
Le Conseil des droits de l'Homme qui condamne Israël trois fois par an? Silence!
La Ligue Arabe qui se réunit deux fois par an pour condamner l'hydre sioniste? Silence!
La LCR et l'extrême-gauche pacifiste? Silence!

Au Pakistan: la reconquête de la région de Swat a entraîné le déplacement de 2.4 millions de personne, sans que le gouvernement d'Islamabad mette en place les moyens pour faire face à ce déplacement de population plus important que la Najbah palestinienne.
Depuis le début de l'offensive, une puissance nucléaire dotée d'armes conventionnelles sophistiquées bombarde son propre peuple provoquant de très nombreux morts. En l'absence de décompte officiel, on peut visionner sur les sites de partage vidéo -se méfier de la validité de la source- les moyens employés: il est impossible de croire que le nombre se limite à des chiffres comme ceux communiqués samedi de 24 morts chez les combattants.

Sans parler du Darfour...

La focalisation sur Israël est antisémite.

Non pas que toutes les personnes qui justement se sentent prises d'empathie pour les victimes palestiniennes le soient.
Mais qu'elles y réfléchissent bien: leur solidarité affichée avec des organisations qui ne stigmatisent qu'Israël ne font pas le jeu de la paix, mais de la haine.

Un palestinien vaut-il plus qu'un pakistanais, un afghan, un tchétchène, un géorgien, un tamoul, un tibétain, un darfouri? Humanistes, soyez cohérents!



Bivouac-Id est très orienté; mais la vidéo est authentique, la traduction malheureusement aussi.
De mon balcon aussi j'ai pu entendre les slogans antisémites lors d'une manifestation à Strasbourg.

Suède: le début d'une prise de conscience?

Aujourd'hui sur le quotidien suédois DN, classé à gauche.


Un article sur le nécessaire retour d'une évaluation stricte des connaissances à l'école. Il s'agit de réintroduire un contrôle de connaissances axé sur deux fondamentaux: les matières principales (mathématiques et suédois) d'une part; l'envie d'apprendre d'autre part.
L'analyse de Magnus Henrekson repose sur le déficit d'envie une fois arrivé sur les bancs de l'université, d'autant plus dommageable qu'il y a un rattrapage de niveau à effectuer lors de la première année.

-----

Un rapport d'experts remis à Lars Leijonborg ministre de la recherche et de l'université déconseille la formation d'imams par l'Etat.
Le rapporteur Eric Amnå cite les arguments suivants:
-les imams labellisés "Suède" n'auront pas l'écoute des fidèles qui recherchent l'extrémisme
-l'Etat ne doit pas financer ce qui aide à séparer les suédois.
-l'Etat doit financer l'éducation des imams à nos valeurs
-l'intention sous-jacente qui est de faire de ces imams "non-problématiques" les intermédiaires de l'Etat auprès des populations "problématiques" a été un échec dans les autres pays
-beaucoup de musulmans ont fui leurs pays à cause de leur clergé et de la religion: ils n'aspirent pas à être régentés par ceux desquels ils s'échappent.

L'article se termine par une invitation à un Etat qui n'est ni indifférent à la morale, ni acteur de la morale en valorisant tel ou tel groupe, mais agent d'une morale commune à tous.

Une opinion sur le sujet est publiée le même jour. Benny Holmberg termine sa réflexion par la conviction que le problème de l'islamisme se règle par la loi et la police.

-----

Un reportage d'Anna Modigh à travers la pauvreté des blancs dans le monde: pour sortir des clichés des pauvres noirs et des riches blancs. Ce voyage a le mérité de s'intéresser à tous les continents.

-----

Un autre journaliste s'interroge : faut-il laisser l'extrême-droite se faire la seule protectrice des libertés informatiques? Le leader des SD a lui-même avoué faire du P2P. Il rejoint ainsi les positions du Parti des Pirates sur la dangerosité qui consiste à punir l'utilisateur, et surtout sur le déni de vie privée qui consiste à traquer ses agissement sur le Net sans mandat préalable.

-----

Nyamko Sabuni et Jan Björklund, ministre de l'intégration pour la première et leader des libéraux pour le second signent une tribune où ils s'insurgent contre la pratique grandissante, face aux pressions islamiques, de dispenser les écoliers des cours d'éducation sexuelle. (Une spécificité suédoise, avec des stages intensifs d'une semaine au collège et au lycée).
L'immigration sera un échec si les jeunes filles originaires d'autres cultures ne sont pas libérées des pressions ataviques.
A Stockholm, 10% des collégiens et lycéens se voient obtenir de telles dispenses, ainsi que pour les voyages scolaires, qu'ils soient sportifs ou culturels.
Une étude de 2007 menée par Sara Högdin relève que 27% des filles d'étrangers (au moins un parent) sont ainsi coupées du reste de leur classe.
Ces cours d'éducation sexuelle, avec les cours de sport et les sorties scolaires font partie du socle commun pour tout élève en Suède, et l'avis des parents n'existe pas en la matière.

Dès la rentrée 2009 les dispenses seront limitées, pour s'assurer qu'aucun élève ne puisse éviter de prendre part à ces activités.

***

La gauche suédoise est en avance sur la gauche française.


Le ministre pour l'intégration et l'égalité des chances Nyamko Sabuni.

vendredi 29 mai 2009

Kosovo: l'échec multiethnique.


Bref résumé:

. L'ancienne province yougoslave, puis serbe du Kosovo a déclaré son indépendance le 17/02/08
. Le Premier Ministre est Hashim Thaci, ancien chef de l'UCK.
. Présence internationale: Eulex, assistance civile, surtout en matière juridique.
. Unmik, désormais réduite à sa seule mission de maintien de la paix.
. OSCE, mission d'évaluation globale.
. 60 pays ont reconnu le Kosovo, dont seulement 7 depuis le début de l'année. Sur ces 60 pays, 14 sont les habituels Nauru, Micronésie et Iles Marshall dont la décision est tout sauf souveraine.
. L'aide internationale constitue 33% du PIB, les remises de l'étranger 13%.
. L'ancien procureur du Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie, Carla Del Ponte, a annoncé vouloir quitter son poste d'ambassadeur suisse auprès de l'Argentine pour mener l'enquête sur les accusations de trafics d'organes et d'êtres humains portées contre Hashim Thaci et l'UCK.
. La Serbie a saisi la Cour Internationale de Justice qui a accepté de se prononcer sur la légalité de l'indépendance du Kosovo. Officiellement, tant que l'ONU ne la reconnait pas, le cadre institutionnel est défini par la résolution 1244.

Un rapport très critique

Le 27 mai 2009, l'ONG Minority Rights Group International publie un rapport sur la très précaire situation des minorités au Kosovo. Les serbes, les roms, les turcs, les goranis (serbes musulmans), les bosniaques (slaves musulmans), les égyptiens (roms musulmans).
On peut y lire:
"Restriction of movement and political, social and economic exclusion are particularly experienced by smaller minorities"

“These minorities also suffer from lack of access to information or to tertiary education in their own languages. This, combined with tough economic conditions, have resulted in many of these groups starting to leave Kosovo altogether”

La constat de 2007 n'a fait que se confirmer et empirer:

"international rule in Kosovo, rather than breaking down segregation, was entrenching it"

Enquêtes de l'OSCE sur le terrain (1.-2.)

1.
L'OSCE publie en mars 2009 un rapport sur les contentieux relatifs au droit de propriété.

Dans le chapitre relatif à la situation sous contrôle albanais on peut y lire les constatations suivantes:

"However, the means used by the courts in the cases monitored by the OSCE raise concerns in terms of effectiveness and may be discriminatory. In the absence of an official gazette in Kosovo which would publish court announcements, most of the courts are publishing such announcements in daily newspapers in the Albanian language, which are unlikely to be read by Kosovo Serbs.

Additionally, court files often do not contain any information regarding the public announcement, which may lead to the conclusion that courts are not complying with the applicable law in this respect. The failure of courts to make reasonable efforts may leave respondents unaware of court proceedings against them.

As the temporary representatives do not meet with their clients,they have difficulty in presenting evidence or adequately defending the respondents’ interests in court.
Absent respondents do not have a reasonable opportunity to present their cases to the court, and consequently are under a disadvantage vis-à-vis their opponent.

Thus, in many of these cases courts violate the principle of equality of arms.
In addition, by failing to apply reasonable means to locate the respondents, the courts violated procedural rules for the appointment of a temporary representative."

Inversement, dans le secteur sous contrôle serbe la situation est satisfaisante.

2.
L'OSCE publie en avril 2009 un rapport sur l'accès à l'éducation des minorités.

On peut y lire:

"The Serbian Ministry of Education provides textbooks free of charge for Roma first grade students in Mitrovicë/Mitrovica and Gjilan/Gnjilane regions, and for Gorani students in Dragash/Dragaš, while Kosovo Serb students must pay approximately € 60 for a set of education material for one grade"

tandis que chez les albanais:

"Gorani pupils face great difficulties in receiving education in Serbian as they desire, while there is no Kosovo curriculum in this language"

Ou encore:

"Kosovo Bosniak students who follow the Serbian curriculum consider that this system ensures a good educational development across academic fields. However, they underscore that it lacks sensitivity and adaptation to their cultural diversity"

"In the northern municipalities of Mitrovicë/Mitrovica region, Kosovo Albanian students have access to the Kosovo curriculum"


alors que chez les albanais:

"Curricula and textbooks for the general subjects are created by Kosovo Albanian experts and then translated into Turkish and Bosnian. In both cases, translation is often considered poor."

"Kosovo Serb displaced families with school aged children deem lack of access to school facilities at their place of origin a major obstacle to return, second only to lack of job opportunities."

La tutelle internationale est aveugle

-Les minorités quittent le Kosovo
-L'économie est sous perfusion
-Le Kosovo reste le principal axe d'importation de drogue et de traite des femmes en Europe
-Le Kosovo est dirigé par des chefs mafieux (HRW)
-Le nationalisme albanais a remplacé le nationalisme serbe
-En 2008, seuls 80 sur 200 000 serbes réfugiés ont pu revenir chez eux.
-La Serbie devenue démocratique a été désaisie du Kosovo (au mépris de la résolution 1244) pour protéger les minorités!
-L'Etat de droit n'est pas assuré.

Seule la base militaire américaine de Camp Bondsteel se développe... Et même le projet d'oléoduc Nabucco est gelé.

Le 10 décembre 2007, je mettais en garde sur ce blog sur les conséquences inévitables d'une indépendance n'apportant aucune solution aux problèmes.
Aujourd'hui, alors que la communauté internationale laisse de plus en plus de pouvoirs aux autorités du Kosovo, l'espoir faiblit de régler les questions relatives aux minorités, aux réfugiés, à la nécessaire normalisation régionale.
Nous sommes sur la voie d'un échec.
Au mépris des discours libérateurs de 1999, et dans l'indifférence du chef de la diplomatie française, pourtant à la tête du Kosovo pendant 2 années, celles où le nettoyage ethnique par les albanais allait être entériné par l'OTAN et l'ONU.
Le retour de ces réfugiés est plus improbable que jamais. (Photo IDP ONU)

lundi 18 mai 2009

La Turquie musulmane? Une réalité à définir.


En décembre, sous présidence française, un nouveau chapitre (sur 33) du dossier d'adhésion de la Turquie à l'Ue a été ouvert. Il s'agit de celui relatif à l'économie et la politique monétaire, 12e chapitre ouvert, mais la France en a gelé 2 en décembre 2006. Entamé en 2005, le processus à ce rythme ne serait guère terminé pour 2045!
Les élections européennes des 6-9 juin à venir sont aussi l'occasion d'un débat renouvelé sur la pertinence d'une telle adhésion. Si les manoeuvres politiciennes paraphrasant Gainsbourg (Je t'aime, moi non plus) ont eu un effet, ce n'est pas d'offrir un chemin à suivre, mais bel et bien de susciter une méfiance mutuelle accrue entre Turcs et Européens.
En Espagne le "non" a gagné 29 points en 4 ans, passant de 22% à 51%.
En Turquie le "oui" a perdu 25 points entre 2003 et 2006, bénéficiant encore d'une courte majorité.

Cette crise de confiance réciproque relève de multiples ressorts. Le plus souvent, on met en avant la nature asiatique de la Turquie (meeting de N.Sarkozy avec A.Merkel à Berlin début mai), ou le besoin de nouvelles institutions européennes avant tout nouvel élargissement. Echappe à cette règle la Croatie, soutenue par l'Allemagne.
Mais une étude comparative des cinq plus vastes opinions publiques d'Europe montre que la principale pierre d'achoppement est culturelle. Et spécifiquement: religieuse.
Cet aspect arrive en tête des préoccupations italiennes (44%), allemandes (43%) et britanniques (29%); deuxième et troisième en France (34%) et Espagne (28%), derrière les Droits de l'Homme et la condition des femmes pour cette dernière. Les arguments géographiques, économiques ou institutionnels n'arrivent que loin derrière, autour de 10-15%.

Ajoutons à cela l'irritation grandissante des responsables européens face au comportement ouvertement islamique de l'AKP au pouvoir -suite au sommet de l'Otan, le ministre français des Affaires Etrangères B.Kouchner lui-même a changé d'avis, j'analyse ceci sur mon blog-: la nature musulmane de la Turquie est au coeur de cette crise de confiance. C'est ainsi 14 ans de négation de cet aspect (depuis les accords douaniers) qui sont balayés par la réalité.

Je veux alors par cette série d'articles fournir une image plus précise de la Turquie musulmane, afin de ne pas se méprendre sur certains aspects. Successivement, seront traités:

1-La Turquie officiellement musulmane
2-Un Islam? Des Islams!
3-Les minorités religieuses reconnues
4-Les nouvelles pratiques religieuses
5-Perspectives

mercredi 6 mai 2009

Vague de chaleur russe en Géorgie



Géorgie
: depuis un mois, nous assistons à une escalade des tensions.
Petit récapitulatif:

janvier: incidents à la frontières, des blessés, un mort (16 janvier)
Pavel Felgenhauer*, analyste russe spécialisé dans les questions de défense met en garde contre un nouvel engrenage guerrier.

février: accord pour la prévention des incidents et enquête relative signé à Bruxelles. Accalmie.

mars: le Conseil de l'Europe met en garde la Russie sur son traitement des libertés individuelles, et le sort réservé aux géorgiens.

9 avril: début des grandes manifestations de l'opposition sous la conduite de Nino Bourdjanadze, Salomé Zourabichvili, Zviad Dzidzigouri et Irakli Alassania.

10 avril et suivants: essoufflement du mouvement, peu suivi. Hormis quelques interpellations en province, le gouvernement de Saakachvili laisse faire.

première quinzaine d'avril: des activistes arméniens sont arrêtés en possession d'armes de combat.

16 avril: l'Otan confirme la tenue d'exercices militaires début mai.

17 avril: la Russie confirme et justifie les édifications militaires en Ossétie du Sud et Abkhazie

18 avril: le président russe Medvedev met en garde l'Otan. La possibilité du déploiement de missiles à Kaliningrad est à nouveau évoquée.

21 avril: deux observateurs de l'OSCE sont fait prisonniers par les milices ossètes en territoire contrôlé par l'Ossétie du Sud.

22 avril: 70 chars russes passent le tunnel de Rokhi pour gagner l'Ossétie du Sud, des manoeuvres amènent 130 chars à l'extrémité Sud-Est de la république séparatiste (point le plus proche de Tbilissi)

23 avril: accrochage entre milices ossètes et policiers géorgiens

28 avril: la Russie annonce qu'elle prend en charge les frontières de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie suite à un accord avec les deux républiques séparatistes. Signé le 30.

29 avril: le Conseil de l'Europe note que "Les villages d'Ossétie du Sud précédemment sous contrôle géorgien ont été entièrement rasés, à l'exception de quelques maisons. L'intention de procéder à un nettoyage ethnique des Géorgiens dans cette zone est évidente"

30 avril: l'Otan expulse deux diplomates russes, liés à une affaire d'espionnage en Estonie.

2-4 mai: l'opposition géorgienne se remobilise, et adresse un ultimatum à la présidence: démission le 9 ou désobeissance civile massive.

4 mai: le ministre russe des Affaires Etrangères S.Lavrov annonce qu'il n'ira pas au Conseil Russie-Otan prévu dans la deuxième quinzaine du mois.

5 mai: un bataillon de la base de Mukhrovani refuse d'executer des manoeuvres, une courte négociation obtient une solution. Le même jour, une tentative de putsch par un réseau de militaires actifs et à la retraite est dénoncé par le ministre de l'Intérieur.
L'ambassadeur russe à l'Otan dénonce l'implosion du pays, la Géorgie accuse Moscou.
Le gouvernement enjoint en outre les manifestants à cesser leurs actes de désobeissance pour le 16 mai, et permettre aux géorgiens de reprendre leurs activités.

6 mai: début des exercices de l'Otan sur la base de Vaziani.


Pour la Géorgie, en plus des liens proposés sur le bandeau latéral, l'agence de presse Ria Novosti dispose d'un moteur de recherche interne très efficace (en anglais!) et le site civil.ge présente lui l'avantage de donner la parole à toutes les opinions. Et aussi un blog francophone pro-géorgien très bien sourcé: je remercie Jean Boris Urban.

*Pavel Felgenhauer est un journaliste militaire russe respecté et un personnage connu de l'opposition russe. Son article (Ce n'est pas une guerre spontanée, mais bien une guerre planifiée), Novaya Gazeta, le 14 août 2008, démontrant que la Russie avait bien planifié l'invasion de la Géorgie bien avant le 8 août 2008, fit le tour du monde.

Norvège, la vraie droite décomplexée





Norvège: les élections de l'automne prochain avancent à grand pas.
La campagne électorale va être marquée par la très forte ascension du Parti du Progrès (Fremskrittpartiet). Sous la houlette de Mme Siv Jensen, une dynamique nouvelle porte les intentions de vote à une moyenne de 28%.
Comme d'autres partis de droite dure en Europe, nous sommes là en présence d'un sujet à la nature bien différente de celles de nos habituels dinosaures d'extrême-droite.

Car si en effet les partis traditionnels peinent à communiquer sur les étiquettes de communistes, socialistes, sociaux-démocrates, libéraux, chrétiens-démocrates, l'extrême-droite elle a connu une cure de jouvence, imposée et choisie.
Imposée sous la pression commune des opinions publiques et des législations européennes qui ont été vigilantes tout au long du XXe siècle. Les trois tombes vandalisées par des adolescents analphabètes destructurés ne font peur qu'aux corbeaux qui ont trouvé plus noirs qu'eux.
Choisie, car la nouvelle génération qui a pris les commandes de ces partis a intégré certains acquis démocratiques et libéraux, à un point qui aux yeux de certains relève de l'escroquerie.

La facilité consiste à caricaturer, affubler de toutes les mauvaises intentions, renvoyer à la Seconde Guerre mondiale dans des réflexes hérités qui ont bien marché dans les années 80 et 90. Plus rares sont ceux qui acceptent de regarder la réalité en face.
Pourquoi aux Pays-Bas les partis de Rita Verdonk et Gert Wilders, identitaires et islamophobes, arrivent en tête du vote gay? Et ce dans des fourchettes allant de 27 à 40% ?
Pourquoi en Autriche les jeunes électeurs ont placé l'extrême-droite en tête de leurs préférences avec 40% de leurs voix?
Pourquoi en Italie la classe moyenne est le cœur du vote de la Ligue du Nord?

Les commentateurs cherchent toujours des explications techniques. Lassitude, contestation, charisme du leader, populisme et promesses faciles. Ce n'est jamais à cause (grâce?) aux idées défendues.
Il serait peut-être temps d'écouter ce qu'ont à dire les électeurs de ces partis.
Siv Jensen en Norvège en est peut-être la synthèse la plus aboutie:

Féminisme: intégrant les conquêtes des années 60-70-80, contrairement à la vieille extrême-droite caractérisée par les "3 k" allemands: Kirche, Küche, Kinder. Egalité hommes-femmes farouchement défendue.
Environnement: critique des théories des Verts vécues comme une crainte pour la croissance, mais favorables aux politiques de développement durable et de comportements citoyens.
Liberté d'expression: hier c'était pour le révisionnisme, aujourd'hui c'est pour la critique des religions. Plus largement, refus de la criminalisation de la parole.
Mondialisation: refus de mettre en concurrence l'ouvrier européen avec l'ouvrier chinois, taxes douanières en fonction des progrès sociaux et environnementaux des pays en développement.
Islam: refus global "à lui de s'adapter, pas à l'Europe de s'adapter à lui"
Sans effacer le triptyque sécurité-immigration-souveraineté nationale, la droite dure étoffe son discours.

Les sympathisants ne se définissent absolument pas comme des conservateurs réactionnaires, mais bel et bien comme des progressistes, modernes, et vrais défenseurs des valeurs libérales européennes. Vu de France avec notre FN issu de la guerre d'Algérie, on a du mal à s'en rendre compte. Mais la nouvelle droite dure européenne de Wilders, Streiche, Jensen a réussi à symboliser aux yeux d'un bon tiers de l'électorat la défense de nos démocraties modernes.

Ce n'est plus l'extrême-droite qui refusait la modernité. C'est une droite qui incarne la modernité en danger (Islam, mondialisation, Chine, réchauffement climatique...) Supercherie pour les uns. Mutation qui leur ouvre le chemin du pouvoir selon moi. Défi que les partis traditionnels se doivent de relever.



Pour la Norvège, la page Wikipédia en anglais sur les élections à venir et la page norvégienne du FrP sont régulièrement mises à jour.


Européennes: les eurosceptiques font l'Europe ?



Élections européennes : vu de France, il n'y a pas de quoi faire frémir une branche d'arbre.
Mais vu de Suède, Italie ou Allemagne, ce n'est pas mieux!
Il y a à cela des raisons de niveau mondial, européen et national.

Au niveau européen: le rejet par la France et les Pays-Bas du Traité Constitutionnel Européen a très largement calmé les ardeurs des fédéralistes. Hormis quelques initiatives isolées socialistes, tout le monde est suspendu au référendum irlandais de la fin de l'année. Le Traité de Lisbonne, une copie sans âme du TCE, est la bouée de sauvetage des europhiles traditionnels. L'avenir institutionnel de l'Europe ne se joue donc pas la première semaine de juin.

Le volet politique est lui aussi occulté par le relatif consensus apparu après le G20 de Londres sur l'économie, où l'accord sur l'environnement arraché sous présidence française en fin d'année dernière. Des mesures sécuritaires ont aussi été prises. Et la présidence Tchèque a brillé par son anonymat relevant lui aussi de facteurs européens (Sarkozy ayant "débordé" de son mandat en 2009) et de facteurs nationaux (démission du Premier ministre Topolanek).

Au niveau mondial, la crise économique a eu pour effet d'anesthésier les traditionnelles oppositions libéraux anglo-saxons/ dirigistes continentaux. L'Europe s'est massivement rangée sous l'étendard d'un interventionnisme modéré, privant les partis d'opposition de leur rhétorique habituelle. L'avènement d'Obama a également anesthésié le traditionnel débat sur le tropisme atlantiste de nombre de pays membres, et le ralliement de la France au commandement intégré de l'Otan, certes fort symbolique tant Paris avait déjà depuis longtemps arrêté de bouder, a fini par clore le chapitre d'une défense européenne perçue comme séparée, voire concurrente de la défense américaine. Le comportement de la Russie en Géorgie en août 2008 a renforcé par ailleurs le sentiment d'insécurité d'une Europe insuffisamment préparée face aux défis géopolitiques de notre siècle. J'évoque aussi la question turque dans une note du mois d'avril.

Au niveau national enfin, l'élection européenne ne suscite pas d'intérêt en Espagne, Italie, France, Pays-Bas, Suède, Belgique, Pologne, Roumanie, Bulgarie, Hongrie etcc tant la situation politique intérieure est apathique. Il y a le cas de figure de la majorité inébranlable (Italie), ou le cas de figure de l'absence de clivage européen (Espagne), ou encore l'approche d'élections nationales qui retardent le début des hostilités (Suède, Bulgarie).

Où sont donc les aspérités politiques sur lesquelles les électeurs vont pouvoir s'accrocher?
Il y a des phénomènes nationaux: la Suède observe avec curiosité une éventuelle percée du Parti des Pirates .
L'Allemagne attend d'évaluer la force de l'extrême-gauche, et s'apprête à constater le remplacement des Grüne par les libéraux du FDP comme troisième force (15-20% selon les sondages).
Le Danemark va baptiser son nouveau gouvernement, après le départ d'A.F.Rasmussen pour l'OTAN.
La Bulgarie va évaluer la force de la coalition de gauche ex-communiste favorite des sondages. Les républiques baltes redoutent leur première abstention massive, liée à la déception de la protection apportée par l'UE.
La France attend de savoir si la gauche socialiste est encore en vie.
La Belgique va faire semblant d'oublier sa grave crise identitaire.

Mais à dire vrai, il y a des politiques qui veulent jouer le jeu.
Les plus motivés sont les... eurosceptiques! Est ainsi née la première initiative politique pan-européenne: Libertas.
Comme son nom l'indique, cette formation qui pour la France a recruté le MPF de Villiers, milite pour une économie plutôt libérale dans son fonctionnement intérieur et protectionniste vis-à vis du reste du monde (retour à une stricte préférence communautaire), et pour une moindre prise des institutions européennes sur le quotidien des européens.
Au-delà de la caricature que certains en font (on a tôt fait de se moquer de leur volonté de se "libérer" du monde et de l'Europe) ce mouvement correspond assez bien au scénario d'une deuxième phase de la construction européenne que je vois ainsi: à la suite d'avancées spectaculaires dans l'intégration commune (Euro, politisation des institutions européennes, Schengen...), on passe les rênes aux sceptiques qui seront très vite séduits par le joujou européen. Par leur présence au plus au niveau européen, ils achèvent de donner une légitimité au Machin.

On peut faire la comparaison avec un système national: la véritable ratification de la Constitution d'un pays, c'est lorsque l'opposition accède pour la première fois au pouvoir. (Si possible accompagnée, pas qu'elle ne soit tentée de tout défaire, hein!)
La présidence tchèque de l'Union, vécue comme un traumatisme par bon nombre d'eurogroupies (c'est ainsi que je nomme les europhiles incapables d'apprécier les règles du jeu quand elles ne les servent plus) a bien au contraire donné à l'Union un autre visage qui n'est pas pour déplaire à l'Europe centrale et à cette Europe qui ne se reconnait pas dans l'axe exclusif franco-allemand.
Paradoxalement, l'accession au sommet des opposants permet l'identification à l'Europe de leurs partisans. J'appelle ça la légitimation paradoxale.

Une autre initiative est celle des Newropeans. Ils ressemblent assez aux mouvements anti-fédéralistes que l'on voit aux USA, notamment au Texas.

Pour conclure, il me semble que ce manque de relief donné à l'élection européenne est une chance. En effet, on a assez peu entendu les habituelles hystéries anti-Bruxelles. (hormis les très drôles parodies de Starwars proposées par Libertas!) Une lecture clarifiée du résultat des élections sera possible: à l'absence d'interférences nationales s'ajoute la clarification de l'échiquier politique national constatée en France (Mélenchon), Allemagne (Lafontaine) et Italie (Arcobaleno).
Et si même les eurosceptiques commencent à harmoniser leurs vues...

vendredi 1 mai 2009

Brèves du Jeudi


Climat/Suède:
le mois d'Avril est déjà assuré de battre tous les records de chaleur avec un écart à la moyenne 1960-1990 de 4 degrés pour la moitié Sud. Ce n'est pas pour déplaire aux suédois, plutôt heureux de connaître des journées à 20 degrés, et de pouvoir cette fin de semaine fêter Valborg au jardin!

Valborg: c'est une fête à l'origine lointaine. Comme souvent, on y trouve un fond païen: on y chasse les mauvais esprits de la nuit, dont les sorcières. Ainsi, dans les pays où l'on fête Valborg, les enfants se déguisent en sorcière et vous jouent des mauvais tours! On allume des feux, surtout en Suède, Finlande et Estonie. Cette tradition est également l'occasion de soirées arrosées en Allemagne, Lettonie et Tchéquie. Avant le Moyen-Age, elle était l'occasion d'un culte à la Lune.

Coupe du monde de hockey: cet évènement annuel se déroule actuellement en Suisse. Russie, Tchéquie, Finlande, Canada, USA et Suède en sont les favoris. La France y participe, mais son objectif est surtout de ne pas finir dernière et d'éviter la relégation.
A signaler la promotion de la Turquie (si si!) en deuxième division, et le retour de l'Italie en première. Le Royaume-Uni est lui toujours dans les basses divisions: quand on songe qu'au début du XXe siècle c'était le pays dominant dans ce sport, et sans profiter des joueurs à passeport canadien!

Football et Crise: les grands clubs anglais vont avoir du mal à payer leurs joueurs ces prochaines années. West Ham n'a même pas trouvé de sponsor, et de riches milliardaires islandais et russes se désengagent de leurs clubs. Le sport va-t-il retrouver sa tête? Pas sûr: les milliardaires arabes ne semblent pas renoncer à cette vitrine.

Grippe mexicaine/porcine/A-H1N1: la définition du terme "pandémie", c'est que la maladie s'est propagée hors de son territoire d'origine. A ne jamais le définir, les gens imaginent des scénarios catastrophe sur de fausses bases. On peut très bien avoir une pandémie avec 100 morts, ou une évolution locale avec des milliers de morts. Les rumeurs vont bon train: un laboratoire, une diversion des politiques à la crise... en tout cas, les porcs en sont les premières victimes. Par un réflexe moutonnier habituel, les gens ont arrêté de consommer du porc. L'OMS a quand même du préciser qu'il n'y avait pas eu le moindre cas décelé chez les cochons!
L'Egypte a même pris les devants: elle fait abattre son cheptel de porcs.
Il faut dire qu'ils n'en perdent pas une pour pénaliser la minorité copte (10-15% de la population). Les restrictions civiles, les églises incendiées et les ratonnades sont certes plus grave. Mais en s'attaquant à leurs moyens de subsistance, c'est le départ ou la conversion.

Equateur: le président Rafael Correa a été réélu. De tous les présidents de la "vage socialiste" d'Amérique Latine, c'est le plus réussi. Economiste de formation, il a su développer un secteur non-libéral sans sacrifier les emplois du secteur concurrenciel -à l'opposé des Misiones de Chavez-. Lui aussi attaché à la revalorisation sociale et symbolique des métis indiens, il a su faire accepter leur entrée progressive dans la société dominante sur la base exclusive du mérite. Morales et ses proches condambés pour corruption et trafic de drogue en Bolivie ont de quoi en prendre de la graine. Enfin, Correa n'a pas pris la moindre mesure contre la liberté d'expression, ce qui ne l'a pas empêché de se faire réélire à 52% des voix. Serré, certes. Mais une grande victoire de la démocratie, et une grande victoire pour les plus faibles qui ont su mettre leur destin dans des mains responsables.

Islande: victoire de la gauche aux élections. Il faut dire que le parti libéral n'avait aucune chance... Le pays a même connu une manifestation au début de l'année! Le nouveau premier ministre Jóhanna Sigurðardóttir doit composer avec ses alliés socialistes. Qui ne veulent pas de l'entrée dans l'UE. Alors que cela était le thème principal de la campagne. (Le thème de la moralisation de l'économie aussi, mais en Islande encore plus qu'en France il ne faut pas se faire d'illusions!)

Suède: nouvelle pas très fraîche, mais après l'Italie la Suède aussi va relancer la construction de centrales nucléaires, 20 ans après le référendum de sortie.

Russie: Dmitriy Medvedev a donné une entrevue au quotidien Novaïa Gazeta, d'opposition où travaillait Anna Politkovskaïa. Un des rares vrais journaliste de France, Fabrice Nodé-Langlois revient par ailleurs d'un voyage en profondeur en Tchétchénie. Si les habitants sont globalement satisfaits du retour au calme, symbolisé par la levée de l'Etat d'urgence la semaine dernière, les bases pour de futurs conflits sont toujours présents: des russes, des tchétchènes russophiles, des tchétchènes islamophiles, et des réseaux de combattants liés à l'Arabie Saoudite. Le site internet de l'émirat islamique au Caucase en donne un bref aperçu.

Géorgie: la tension monte. Ce sera l'objet d'une prochaine note de ma part. La Russie vient par des accords avec les républiques d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie d'officialiser son annexion graduée.

Turquie: une fusillade à Istanbul, 7 soldats morts au Kurdistan. Cela se passe chaque mois, il est important de s'en rendre compte pour comprendre l'agenda d'Ankara. Qui soit dit en passant a une nouvelle fois bombardé le Nord de l'Irak.

Rome/Paris: le maire de Paris Delanoë ridiculisé par l'ancien leader de la gauche et ancien maire de Rome Walter Veltroni. Delanoë avait en effet estimé que la collaboration de sa ville avec celle du romain Alemanno allait souffrir des penchants fascistes de celui-ci. Veltroni est intervenu pour dire au maire de Paris qu'il avait de bien mauvaises informations.
De fait, il y a eu le jour de son élection des bras tendus. Mais il n'y a eu aucune approbation de la part de la nouvelle équipe municipale. Et la confluence de Alleanza Nazionale (parti post-fasciste, ex-MSI) dans le PDL de Berlusconi laisse au mouvement dissident La Destra le monopole des nostalgiques.

Espagne: nouvelle pas fraîche non plus. Mais je viens d'apprendre que sous la gestion socialiste un mémorial aux républicains combattants de la guerre civile a été ouvert. Mémorial à sens unique, où les massacres de civils, de prêtres, de bonnes soeurs sont tout bonnement ignorés.
La réconciliation sous la surveillance de Juan Carlos passait justement par la reconnaissance institutionnelle de la primauté de la démocratie, de pair avec une mémoire partagée de la barbarie partagée. Cette histoire nationale revisitée est une honte. Au XXIème siècle on devrait être capables de comprendre et faire comprendre que la barbarie n'est pas l'apanage des seuls perdants. La droit souvent accusée de vouloir faire l'histoire n'a jamais osé remettre en cause le compromis historique. La gauche sûre de sa supériorité morale l'a fait.

France: rien. En fait, si, beaucoup de choses. Le sport national du "je dénonce, mais jamais les bonnes personnes ou les bons mécanismes" persiste.
Un exemple "léger": Daniel Bouton de la Société Générale s'en va sous les huées politiques et populaires.
Faut-il quand même rappeler que c'est lui qui en 11 ans a fait de son groupe franchouillard un des géants mondiaux, qui contrairement à ses homologues américains peut se permettre un trou de 5 milliards? Je laisse de côté les critiques qui relèvent de la critique générale du capitalisme. Dans l'intérêt de sa banque, Daniel Bouton a été un bon manager. Il a su faire son métier, contrairement à d'autres qui restent 6 mois en poste, le temps de couler la boîte et d'empocher parachutes dorés et stocks-options.
Les critiques de type anti-ultralibérales sont pour moi justifiées. Mais elles ne doivent pas se focaliser sur Daniel Bouton. Une banque, c'est un CA et des actionnaires. Daniel Bouton a profité d'un système tout en faisant son métier honorablement. Faut-il aussi rappeler que la Société Générale est la plus grande créatrice d'emplois depuis cinq ans en France ?

J'aime la révolte, la critique dure, la contestation. Mais je préfère l'ordre injuste à la révolte, la critique dure, la contestation quand celles-ci ciblent les mauvais coupables. Car on ajoute l'injustice à l'injustice. Et en plus, par sa bêtise, on redore le blason de l'injustice initiale.
Avis à tous les rebelles: c'est souvent vous qui permettez aux injustices de perdurer.