vendredi 29 mai 2009

Kosovo: l'échec multiethnique.


Bref résumé:

. L'ancienne province yougoslave, puis serbe du Kosovo a déclaré son indépendance le 17/02/08
. Le Premier Ministre est Hashim Thaci, ancien chef de l'UCK.
. Présence internationale: Eulex, assistance civile, surtout en matière juridique.
. Unmik, désormais réduite à sa seule mission de maintien de la paix.
. OSCE, mission d'évaluation globale.
. 60 pays ont reconnu le Kosovo, dont seulement 7 depuis le début de l'année. Sur ces 60 pays, 14 sont les habituels Nauru, Micronésie et Iles Marshall dont la décision est tout sauf souveraine.
. L'aide internationale constitue 33% du PIB, les remises de l'étranger 13%.
. L'ancien procureur du Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie, Carla Del Ponte, a annoncé vouloir quitter son poste d'ambassadeur suisse auprès de l'Argentine pour mener l'enquête sur les accusations de trafics d'organes et d'êtres humains portées contre Hashim Thaci et l'UCK.
. La Serbie a saisi la Cour Internationale de Justice qui a accepté de se prononcer sur la légalité de l'indépendance du Kosovo. Officiellement, tant que l'ONU ne la reconnait pas, le cadre institutionnel est défini par la résolution 1244.

Un rapport très critique

Le 27 mai 2009, l'ONG Minority Rights Group International publie un rapport sur la très précaire situation des minorités au Kosovo. Les serbes, les roms, les turcs, les goranis (serbes musulmans), les bosniaques (slaves musulmans), les égyptiens (roms musulmans).
On peut y lire:
"Restriction of movement and political, social and economic exclusion are particularly experienced by smaller minorities"

“These minorities also suffer from lack of access to information or to tertiary education in their own languages. This, combined with tough economic conditions, have resulted in many of these groups starting to leave Kosovo altogether”

La constat de 2007 n'a fait que se confirmer et empirer:

"international rule in Kosovo, rather than breaking down segregation, was entrenching it"

Enquêtes de l'OSCE sur le terrain (1.-2.)

1.
L'OSCE publie en mars 2009 un rapport sur les contentieux relatifs au droit de propriété.

Dans le chapitre relatif à la situation sous contrôle albanais on peut y lire les constatations suivantes:

"However, the means used by the courts in the cases monitored by the OSCE raise concerns in terms of effectiveness and may be discriminatory. In the absence of an official gazette in Kosovo which would publish court announcements, most of the courts are publishing such announcements in daily newspapers in the Albanian language, which are unlikely to be read by Kosovo Serbs.

Additionally, court files often do not contain any information regarding the public announcement, which may lead to the conclusion that courts are not complying with the applicable law in this respect. The failure of courts to make reasonable efforts may leave respondents unaware of court proceedings against them.

As the temporary representatives do not meet with their clients,they have difficulty in presenting evidence or adequately defending the respondents’ interests in court.
Absent respondents do not have a reasonable opportunity to present their cases to the court, and consequently are under a disadvantage vis-à-vis their opponent.

Thus, in many of these cases courts violate the principle of equality of arms.
In addition, by failing to apply reasonable means to locate the respondents, the courts violated procedural rules for the appointment of a temporary representative."

Inversement, dans le secteur sous contrôle serbe la situation est satisfaisante.

2.
L'OSCE publie en avril 2009 un rapport sur l'accès à l'éducation des minorités.

On peut y lire:

"The Serbian Ministry of Education provides textbooks free of charge for Roma first grade students in Mitrovicë/Mitrovica and Gjilan/Gnjilane regions, and for Gorani students in Dragash/Dragaš, while Kosovo Serb students must pay approximately € 60 for a set of education material for one grade"

tandis que chez les albanais:

"Gorani pupils face great difficulties in receiving education in Serbian as they desire, while there is no Kosovo curriculum in this language"

Ou encore:

"Kosovo Bosniak students who follow the Serbian curriculum consider that this system ensures a good educational development across academic fields. However, they underscore that it lacks sensitivity and adaptation to their cultural diversity"

"In the northern municipalities of Mitrovicë/Mitrovica region, Kosovo Albanian students have access to the Kosovo curriculum"


alors que chez les albanais:

"Curricula and textbooks for the general subjects are created by Kosovo Albanian experts and then translated into Turkish and Bosnian. In both cases, translation is often considered poor."

"Kosovo Serb displaced families with school aged children deem lack of access to school facilities at their place of origin a major obstacle to return, second only to lack of job opportunities."

La tutelle internationale est aveugle

-Les minorités quittent le Kosovo
-L'économie est sous perfusion
-Le Kosovo reste le principal axe d'importation de drogue et de traite des femmes en Europe
-Le Kosovo est dirigé par des chefs mafieux (HRW)
-Le nationalisme albanais a remplacé le nationalisme serbe
-En 2008, seuls 80 sur 200 000 serbes réfugiés ont pu revenir chez eux.
-La Serbie devenue démocratique a été désaisie du Kosovo (au mépris de la résolution 1244) pour protéger les minorités!
-L'Etat de droit n'est pas assuré.

Seule la base militaire américaine de Camp Bondsteel se développe... Et même le projet d'oléoduc Nabucco est gelé.

Le 10 décembre 2007, je mettais en garde sur ce blog sur les conséquences inévitables d'une indépendance n'apportant aucune solution aux problèmes.
Aujourd'hui, alors que la communauté internationale laisse de plus en plus de pouvoirs aux autorités du Kosovo, l'espoir faiblit de régler les questions relatives aux minorités, aux réfugiés, à la nécessaire normalisation régionale.
Nous sommes sur la voie d'un échec.
Au mépris des discours libérateurs de 1999, et dans l'indifférence du chef de la diplomatie française, pourtant à la tête du Kosovo pendant 2 années, celles où le nettoyage ethnique par les albanais allait être entériné par l'OTAN et l'ONU.
Le retour de ces réfugiés est plus improbable que jamais. (Photo IDP ONU)

3 commentaires:

Daroslav a dit…

Merci de votre message !


Visitez kosovojesrbija.fr

Alciator a dit…

De rien!

Les serbes sont victimes d'une injustice.
On en répare pas les injustices par d'autres injustices.

Alciator a dit…

C'est quand même incroyable: même "nos" institutions sont au courant de ce qui se passe au Kosovo, et pourtant on fait semblant de rien!

Même les géorgiens d'Ossétie sont mieux traités! C'est dire!