vendredi 4 décembre 2009

Michael Kenna à la BNF


Le Figaro en parle:

En photos.
L'article correspondant.

Et ici ma critique après y avoir été, moi le néophyte!

Exposition photo Michael Kenna à la BnF

Du 13 octobre au 24 janvier 2010.

La douce finitude brusquée.

La Bnf expose 210 clichés du photographe anglais Michael Kenna. A travers ses pérégrinations nous explorons le monde : de son Lancashire industriel où il naquit en 1953 en passant par les blanches étendues hivernales de Hokkaido, et revenir aux friches industrielles contemporaines. Nous voyageons dans le temps aussi. Mais Michael Kenna veut nous perdre. La constance de son style nous induit en erreur. Cette jetée pavée du Sussex ou ce saule japonais perdu dans les rizières gelées en hiver pourraient avoir été saisies hier ou il y a trente ans. C’est que Michael Kenna refuse à ses sujets la finitude du réel. Son grain leur attribue la grâce de l’intemporalité.

Il n’y a jamais de sujet humain sur ses clichés. Ni au pied des cheminées de refroidissement nucléaire traitées comme deux colonnes doriques soutenant un ciel qui aurait perdu sa profondeur. Ni sur ces ponts que la société humaine aurait restitué à l’univers sauvage et minéral des forêts montagnardes de l’Oregon. Ni encore dans les brumes matinales omniprésentes dans son oeuvre.

Notre contemplation ne peut alors s’enfermer dans le regard des autres ; pas plus que sur le
relativisme du Temps. Chaque oeuvre est un rapport exclusif entre nous et le sujet sur le ton de la confidence.

Mais toute la douceur d’un tel rapport est violentée par le cadre de l’exposition. Dorures criardes. Marbre clinquant. Espaces se chevauchant. Eclairage impudique. Muséographie indigente. C’est au prix d’un effort surhumain que l’on se raccroche à l’enchantement de l’oeuvre ainsi sacrifiée de Michael Kenna.