mercredi 21 octobre 2009

La profondeur révélée de la grande littérature


Neuf fiches de lectures sous le regard d'Alain Finkielkraut. Neuf volets d'une analyse de l'Homme par des hommes. L'auteur nous propose le dépassement de l'opposition entre raison et passion, l'une comme l'autre source de malheurs. Et de citer l'Ancien Testament: «Le roi Salomon supplia l'Eternel de lui accorder un cœur intelligent»

Le roi Salomon, c'est nous qui ne cessons de nous débattre entre la réalité vécue et l'histoire de la réalité que l'on se raconte. L'Eternel se tait, nous indique Hanna Arendt. Alain Finkielkraut nous propose alors de faire parler la littérature.

Ludvik «jeté en dehors du chemin de ma propre vie» de Kundera, le retraité de Dostoïevski rongé par l'amertume, la déportée de Vassili Grossman effondrée à l'écoute d'une chanson gaie, le bon-sens privé des mots pour le dire du père de Camus, la revanche face aux égoïsmes de la simplette d'Henry James, le rire assassin des emplis de certitudes chez Sebastian Haffner: tous ces individus confrontés à la cruelle vérité de la vie. L'absence de maîtrise des évènements, dans la passion comme dans la raison.

Alain Finkielkraut est l'inverse de l'intellectuel engagé. Attaqué, il se met en retrait. On lui reproche d'être par trop conservateur, voire franchement réactionnaire. C'est que notre époque s'est habituée aux intellectuels ancrés dans leur temps jusqu'à la caricature. L'auteur a fait trésor des déboires de Sartre et Platon brisés par l'épreuve de la réalité. Le roman permet de sortir de l'impasse, lui qui réconcilie l'abstrait et le concret, l'action et la réflexion, la raison et le sentiment. C'est l'harmonie d'un cœur intelligent qu'Alain Finkielkraut nous propose de partager.

Alain Finkielkraut, « Le cœur intelligent »

Stock/Flammarion

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