samedi 12 janvier 2008

Photos 12/07







Monastère de Gergeti, Géorgie

Erigé au XIIIeme siècle, situé au pied du Mt Kazbek (5047m -le monastère est à 2100 mètres).
Ce n'est pas le plus beau monument religieux géorgien, mais sa situation est exceptionnelle. Il est aussi à l'entrée de la route qui depuis toujours permet de traverser le Caucase du Nord au Sud par son centre, route aujourd'hui bordée de militaires craignant infiltrations tch étchènes
(hier incitées par Tbilisi), russes (la route a été construite pour faire passer les chars de l'armée sociétique) et ossètes (région voisine réclamant l'union de l'Ossétie du Nord avec l'Ossétie du Sud géorgienne en une république fédéréé russe).

L'architecture religieuse géorgienne remonte au IVème siècle, et les influences palestiniennes, mésopotamiennes et enfin anatoliennes (Sainte Nino convertit les géorgiens autour de 340, au même moment que les arméniens, deux premiers pays à en faire leur religion officielle) expliquent l'allure granitique du bâtiment. Comme leurs voisins arméniens, les géorgiens aussi pratiquent la sculpture sur pierres et de plus ils forgent de magnifiques portes .

Pourquoi avoir choisi un monument religieux ? C'est que les géorgiens se considèrent à 85% comme européens (si on elève les minorités azéries et quelques autre , ça ne fait pas loin de 100% des géorgiens de langue maternelle géorgienne). Et cette appartenance -je cite ici l'étude de Silvia Serrano "Georgie, sortie d'empire" CNRS éditions 2007- est largement due au sentiment d'appartenir à l'Europe chrétienne. L'Europe n'est pas que chrétienne, certes, mais c'est une de ses identités de l'être; c'est un peu être schizophrène et le tout est de l'accepter, mais c'est un autre sujet. Les géorgiens ont le sentiment d'être rentrés dans la maison commune après le joug ottoman, perse, puis russe qui leur a assuré depuis deux siècles une réadaptation aux influences occidentales interrompues depuis six siècles. Quand l'Europe était double, Rome et Constantinople, les géorgiens étaient des membres très actifs de la pars orientalis. Jusque dans le coeur des Balkans ils ouvrent monastères et hopitaux, ils reçoivent même l'influence de la Renaissance italienne(conversions, traductions de textes savants) avant d'être absorbés dans l'orbite perse puis turque. La Toison D'Or, Prométhée, la Colchide rattachent aussi cette terre aux récits grecs. Enfin, géorgiens, comme serbes et russes ont le sentiment d'avoir payé pour la prospérité de l'Europe en stoppant les invasions d'Asie.
Aujourd'hui, le drapeau adopté est celui du Moyen-Age : croix rouge sur fond blanc, avec quatre croix rouges dans chaque cadran. Le Moyen-Age, c'était quand les rois et reines de Géorgie (la reine Thamar est la figure plus importante de l'histoire du pays, traditionellement libéral sur le status des femmes) impressionaient les croisés de Terre Sainte ayant obtenu seuls et de longue date le droit des musulmans de venir en armes et en masse se receuillir à Jérusalem. C'est l'époque où la cavalerie géorgienne repousse les hordes turques vers le Sud donnant un sursis à Constantinople où les géorgiens marient leurs filles et éduquent leurs fils, puis perd honorablement contre les mongols qui renoncent à envahir le pays.

L'Europe redécouvre sa pars orientalis qui ne demande qu'à être reconnue. De retour après 600 ans.


Voeux 2008 : civilisons-nous !

Il s'agit en grande partie d'un message à un ami avec lequel on échange régulièrement des informations et impressions sur certaines tendances de fond.


A tous une année 2008 en bonne santé et pleine de bonheurs !

-j'évacue le politiquement correct du "toutes et tous", le genre masculin en grammaire met le mâle sur le même plan que le saucisson, la femelle sur le même plan que la cervelle, arrêtons de projeter sur les mécanismes du language les défauts de nos faiblesses à concevoir l'égalité des sexes.
-bonheurs au pluriel, le bonheur au singulier c'est être heureux en absence de raison et c'est ou une pathologie, ou l'amour des débuts qui rend bon et bêta. Et si de dernier ne dure pas qu'un temps, c'est que c'est aussi une pathologie!

Mais venons-en à notre année 2008, ou plutôt glissons-nous dans la problématique de civilisation lancée par N.Sarkozy -épreuve du baccalauréat de philosophie 2008? Chiche!-.
Je vais commencer par ma famille :

La banque de mon frère est heureuse : elle ne travaille que sur l'achat-revente de dettes et d'entreprises en faillite. Autant dire qu'elle est préparée à la situation actuelle ! Je ne suis pas sûr qu'il désire se poser beaucoup de questions sur la situation économique sous-jacente : c'est un scientifique, et il n'a plus d'exigences morales depuis son premier jour de travail.
Le drame c'est que c'est la règle dans son milieu. Ou plutôt non : que ceux qui représentent les intérêts des peuples, c'est devenu aussi leur règle. Les banques disent ouvertement et sans vergogne que les pouvoirs publics ont réagi correctement à la crise financière. Une perfusion de cash, et les signes cliniques disparaissent, et on y va à fond dans l'usure de la machine financière. Les pouvoirs publics se réjouissent de ce que les milieux financiers apprécient la dopamine. Ils se sentent utiles, et le font savoir aux peuples.
Cas exceptionnel : Interpol est dirigée par un ripoux. Exceptionnel que la justice puisse aller au bout de ses enquetes. On en rêve dans le domaine financier. Rêves d'Enron. Hier, les politiques étaient protégés face à la loi, pour garantir les fonctions vitales de l'Etat. Aujourd'hui, ce privilège s'est transféré du politique au financier, tant il est évident que ce dernier est le garant le plus honnete du vivre ensemble.

Rien à voir (apparemment) :
Vive l'église catholique romaine !
Fausto Bertinotti, leader du PC et président de l'Assemblée Nationale, Massimo D'Alema ministre des affaires étrangères et ancien leader des jeunesses communistes sont allés baiser la main du cardinal Bertone responsable entre autres des relations extérieures. Et n'ont pas manqué de faire leur coming-out religieux. Le premier est même parti en pélerinage dans les lieux saints orientaux. Le cardinal est une personne franche : dans le quotidien du Vatican il expose sa stratégie, s'inspirant du succès argentin. L'Italie doit redevenir l'Etat au service de l'Eglise. Noir sur blanc.

Notre président parle de politique de civilisation. Nos sociétés sont tributaires des efforts centenaires de nos états bâtis sur le modèle romain -avec l'aide de la morale chrétienne- pour civiliser l'individu. Remplacer la logique de coercition pyramidale centrée autour de la famille -et la violence de caractère tribal/féodal/local- par une logique d'arbitre supérieur élu de Dieu puis du peuple. Cette logique est mourante aujourd'hui, l'abdication du républicanisme face aux défis de l'élitisation des masses n'est pas seul responsable : nous n'avons pas encore trouvé d'équilibre dans la gestion des personnes intelligentes. Pendant des siècles le souverain décidait de l'intelligence licite ou illicite. D'autant plus facilement qu'il était seul juge et pouvait faire contrôler un minimum les sources de savoir et donc de contestation. Aujourd'hui, le moindre primate doté de cervelle peut trouver les moyens de la contestation du savoir établi grâce au net -les bibliothèques réelles ne désemplissent pas, l'Homme lit comme jamais avant avec le multiplicateur phénomènal qu'est le Net. (phénomène). Ce même primate peut partager ses vérités avec la même facilité, et avec des argumentaires renforcés par la diversification de ses sources. L'autorité n'a pas perdu le sens qu'elle n'a jamais réussi à imposer ( je suis d'une droite qui n'existe qu'en théorie, pour qui l'autorité est fondamentale -fondatrice- et la critique est nécessaire à en réaffirmer le besoin) : elle a simplement perdu ses moyens coercitifs. Que font les autorités faces aux rébellions ? De la guerilla. Polices spéciales, surveillance informatique discrète, dynamitages spectaculaires à l'occasion-"succès" de la crise des banlieues 2007-.Les terroristes et les résistants recourent à cette tactique car incapables de mener un front global. Les autorités font de même.

Et nos élites politiques et financières dans tout ça ? Elles servent des institutions dont elles n'ont pas le respect et qui de surcroit n'imposent pas le respect. La nation a explosé quand elle a arreté de mener des guerres collectives, nos élites ont rejeté le principal facteur agglomérant d'une société : la menace de l'autre. Tant mieux. On a récolté la menace deS autreS . Menace identifiée et combattue, souvent injustement et cruellement. Remplacée par sensation diffuse de menace, qui peut très bien aussi venir des autorités hier chevaliers défenseurs de notre village menacé. L'ennemi intérieur a ceci de destructeur pour une société qu'il intéragit directement avec ce qui nous entoure. L'ennemi lointain n'implique pas la défiance envers son infirmière et nos pompiers. L'ennemi de l'intérieur brise les solidarités de proximité. Il en découle que la représentativité et donc la démocratie sont ainsi en danger de mort. La Justice n'est plus perçue comme une femme bandée donc impartiale, mais bandée donc aveugle.

La politique de civilisation comme remède ? Son abandon dans les années correspondant à la révolution de l'information (nouvelles technologies = besoin primaire de communiquer révolutionné) l'appelle-t-elle comme remède, elle qui aurait dû être traitement préventif ? N.Sarkozy et surtout sa plume signent là la plus vivifiante prise de conscience culturelle depuis la libération des moeurs. Mais une chose est de le faire avant le big-bang des années 80-90-00. Une autre est de le faire à l'ère de la construction identitaire ad-hoc. Dans une jungle où tous les groupes proposant une vérité de civilisation s'affrontent sur un terrain qui a été laissé en friche. Vatican, mahometans, 68-tards attardés et institutions financières sont les mieux placés dans cette course affichée. Chinois ?
Réponse de F.Hollande : "la politique de civilisation, ça rapporte combien de sous ?"
Il y a urgence.
C'est mon voeu.