vendredi 30 octobre 2009

Noces princières en Géorgie


La légitimité du pouvoir battue en brèche, l'opposition dans la rue, l'ingérence russe : la mariage entre les deux branches héritières de la dynastie des bagratides a un parfum de réconciliation nationale.


En pleine crise politique, morale et internationale la Géorgie voit se résoudre sa plus ancienne querelle. Et de la plus belle manière qui soit : le médiateur s'appelle l'amour.

Ce 8 février David et Anne se sont dit « oui » sous les voutes de la Cathédrale de la Trinité à Mtskheta ancienne capitale de la Géorgie. David Bagrationi-Mukhraneli, 32 ans est l'héritier de la branche espagnole de la dynastie qui a régné 1000ans sur toute ou partie du pays, le fuyant lors de l'annexion russe de 1810. Anne Bagrationi-Gruzinsky, 31 ans est l'héritière de la branche russe de la dynastie qui se mit au service des Romanov et s'illustra notamment contre Napoléon sur la Berezina.

Tous les ingrédients étaient réunis pour porter la revendication politique de ce mariage. Drapeaux géorgiens barrés des croix de St Georges, parterre d'une centaine d'invités comptant parmi les plus influents du pays et des dynasties européennes, et surtout le Patriarche Ilya III.

L'Eglise de Géorgie est en effet la patiente artisane de la campagne royaliste en œuvre dans le pays. Le Patriarche a par le passé promis qu'il couronnera le président qui réunira sous son autorité tout le pays, y compris les républiques sécessionnistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Russophile, il est mal à l'aise avec le président actuel Mikhail Saakachvili


vendredi 23 octobre 2009

Meilleur article 2008: Carnet de route en Géorgie, Jonathan Little

Bien sûr, tout le monde ne peut pas avoir accès au Monde et écrire 16 pages sur un seul sujet.
Mais inversement, beaucoup ne sauraient faire glisser leur plume par delà 16 pages d'anecdotes, réflexions, évènements et intrigues avec autant de brio que l'auteur des Bienveillantes.
16 pages où le point de vue équilibré de l'auteur n'est pas artificiel; où la réalité est décrite avec la part d'horreur, d'imprévu et de comique qui fait son tragique. Le regard tourmenté de Jonathan Little ne trouble en rien l'image qu'il nous présente, limpide. C'est peut-être même la personnalité si atypique de l'auteur qui est la condition de l'excellence de ce papier.
Imprimez-le pour le savourer pleinement.


" Pishite pravilno " , on n'arrête pas de vous répéter là-bas, " écrivez correctement, écrivez ce
qui s'est vraiment passé ".
La suite en PDF

mercredi 21 octobre 2009

La profondeur révélée de la grande littérature


Neuf fiches de lectures sous le regard d'Alain Finkielkraut. Neuf volets d'une analyse de l'Homme par des hommes. L'auteur nous propose le dépassement de l'opposition entre raison et passion, l'une comme l'autre source de malheurs. Et de citer l'Ancien Testament: «Le roi Salomon supplia l'Eternel de lui accorder un cœur intelligent»

Le roi Salomon, c'est nous qui ne cessons de nous débattre entre la réalité vécue et l'histoire de la réalité que l'on se raconte. L'Eternel se tait, nous indique Hanna Arendt. Alain Finkielkraut nous propose alors de faire parler la littérature.

Ludvik «jeté en dehors du chemin de ma propre vie» de Kundera, le retraité de Dostoïevski rongé par l'amertume, la déportée de Vassili Grossman effondrée à l'écoute d'une chanson gaie, le bon-sens privé des mots pour le dire du père de Camus, la revanche face aux égoïsmes de la simplette d'Henry James, le rire assassin des emplis de certitudes chez Sebastian Haffner: tous ces individus confrontés à la cruelle vérité de la vie. L'absence de maîtrise des évènements, dans la passion comme dans la raison.

Alain Finkielkraut est l'inverse de l'intellectuel engagé. Attaqué, il se met en retrait. On lui reproche d'être par trop conservateur, voire franchement réactionnaire. C'est que notre époque s'est habituée aux intellectuels ancrés dans leur temps jusqu'à la caricature. L'auteur a fait trésor des déboires de Sartre et Platon brisés par l'épreuve de la réalité. Le roman permet de sortir de l'impasse, lui qui réconcilie l'abstrait et le concret, l'action et la réflexion, la raison et le sentiment. C'est l'harmonie d'un cœur intelligent qu'Alain Finkielkraut nous propose de partager.

Alain Finkielkraut, « Le cœur intelligent »

Stock/Flammarion

lundi 19 octobre 2009

Israël: à la recherche de nouvelles alliances.

Le ministre des Affaires Etrangères israélien Avigdor Liebermann n'est pas le bienvenu à Paris, Washington, Le Caire ou Ankara.

Aux pressions accrues par la voix d'Hillary Clinton, le refus historique d'Ankara de prendre part à des exercices militaires conjoints, et une Europe qui du bout des lèvres rejette la mouture du rapport Goldstone adoptée par le Conseil des Droits de l'Homme de Genève (l'auteur du rapport lui-même déplore que l'OCI ait tronqué la partie relative aux responsabilités palestiniennes), Israël répond par une diplomatie ouverte à d'autre cieux.
Le Conseil des Droits de l'Homme est cet instrument de l'ONU qui occupe les 3/4 des ses délibérations à la situation palestinienne, et qui a royalement ignoré la situation au Sri Lanka où 10 000 Tamouls ont trouvé la mort, soit plus qu'en Israël-Palestine depuis 30 ans.

L'Inde est déjà un allié fidèle, la Chine se rapproche, et désormais c'est la Russie qui soutient Israël. Le ministre des Affaires Etrangères Sergei Lavrov a communiqué à son homologue le refus russe d'adopter le rapport Goldstone . La suspension de la coopération militaire avec Tbilissi doit y être pour quelquechose....





Avigdor Liebermann à gauche, Sergei Lavrov à droite, le 2 juin à Moscou.