mercredi 10 février 2010

Iran: où sont les démocrates français?

Ce 7 février il y avait un millier de manifestants place de la République à Paris.

Dans l'indifférence de l'essentiel de la classe politique française.

A l'appel de plusieurs associations de défense des Droits de l'Homme en Iran et du collectif "where is my vote" qui dénonce la trahison des urnes opérée par Téhéran, les promeneurs du dimanche ont bravé le froid pour soutenir les femmes et les hommes en qui le mot "liberté" résonne dans la peau, les os et le regard.
S'y sont bien sûr retrouvés des Iraniens de France, arborant plus ou moins ostensiblement drapeaux, écharpes, bérets ou plus simplement rubans verts, couleur de l'Islam, mais aussi couleur de la révolution de 1979 dont on dénonce ainsi l'échec 31 ans plus tard. A leurs côtés on retrouvait divers intellectuels ou responsables associatifs engagés de longue date aux côtés des opposants au régime des Mollahs. André Glucksmann, Bernard-Henri Levy, le président du Conseil Représentatif des Institutions Juives Richard Prasquier étaient là. Des associations étudiantes communautaires étaient là aussi. Journaliste du Figaro, Ivan Rioufol avait fait le déplacement à titre personnel:
"ce n'est pas parce que l'appel à manifester émane d'associations de gauche que j'ai une défense des libertés à géométrie variable"
a-t-il confié.
Quand à la tribune est apparu Reza, un journaliste arrivé tout droit de Téhéran quelques jours auparavant, les auditeurs ont pu un instant goûter à la soif de liberté d'une partie du peuple iranien à travers ses paroles évoquant
"un printemps qui commence en hiver".

Mais cette émotion laisse place à l'amertume quand l'on pense aux absents. Absents avec un mot d'excuse: c'est le cas pour Dominique Voynet et les Verts, Manuel Valls et le Parti Socialiste, Marie-Georges Buffet et le Parti Communiste et encore Corinne Lepage et le Mouvement Démocrate. Absents sans mot d'excuse: la droite a estimé ne pas devoir participer à une manifestation de gauche.

Le Larousse doit désormais proposer deux entrées distinctes pour le mot "liberté"

On comprend beaucoup mieux l'héroïsme qui a poussé Martine Aubry à rompre avec Georges Frêche. Renier quatre siècles de littérature française, c'est l'importante contribution du Parti Socialiste au débat sur l'identité nationale. "Pas très catholique", cela dépasse les bornes de Rue de Solférino. Islamiquement totalitaire, la moustache de Jaurès ne saurait frémir!
A l'heure où au nom d'un certain relativisme on en vient à considérer la démocratie et les Droits de l'Homme comme des valeurs occidentales pour les occidentaux, nos démocrates si prompts à s'indigner entre le Palais Bourbon et le journal télévisé de TF1 devraient se rappeler que le combat pour la liberté ne saurait être qu'universel. L'écrivain et journaliste Mohamed Sifaoui était des tribuns en cette froide journée:
"Arabes et Iraniens seraient-ils si inférieurs aux occidentaux qu'ils ne sauraient accéder à la démocratie?"
Par leur absence, beaucoup de nos démocrates ont répondu oui.


*Appel paru le 2 février sur le quotidien « Libération »





Ce jeudi, nouvelle manifestation place Saint Michel et devant l'ambassade d'Iran.



PS: Ce blog a pris de longues vacances, et va bientôt devenir inactif. Un nouveau blog plus dynamique va bientôt être mis en ligne! Merci à tous les lecteurs!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci d'avoir un blog interessant